W.A. Mozart aborde le concerto pour violon à l'âge de dix-neuf ans et nous livre cinq partitions entre avril et décembre 1775.

La jeune énergie du compositeur va s'exprimer dans le style galant qui connaît à l'époque les faveurs des mélomanes et le goût des princes.

Ainsi la multiplicité des idées musicales, la simplicité de l'écriture harmonique, une certaine inclination vers le pittoresque, tout pourrait engager le musicien à une certaine facilité, à un résultat un peu superficiel.

Mais Mozart se joue des périls de la galanterie, et l'on observe que le parti pris de variété ne nuit pas à l'unité générale et que le dosage subtil entre brillance et demi-teintes permet de remplacer ce qui aurait pu être une factice profondeur par une émotion sincère.

En comparaison de ses deux oeuvres précédentes, le troisième concerto offre une facture beaucoup plus élaborée. Le souci d'une instrumentation colorée et la présence d'un véritable dialogue avec le soliste évite à l'orchestre de n'être réduit qu'à un rôle d'accompagnateur. L'ampleur du premier mouvement et une certaine tension maintenue dans son développement par les modulations mineures laisse place à la souplesse de la longue phrase mélodique de l'Adagio, sans doute une des plus belles inspirations Mozartiennes. Le finale, véritable pot-pourri à la française, nous surprend par son imagination, son constant renouvellement thématique et nous prouve à quel point le cadre de la galanterie ne nuit en aucune manière à la richesse d'inspiration du compositeur.

Le Concerto No. 5 en la majeur sans conteste, est le plus travaillé de la série. Mozart y exploite les possibilités techniques et expressives de l'instrument, mais toujours sans y dévoiler un but d'une inutile démonstration virtuose. L'orchestration, le développement thématique sont raffinés et on peut parler d'une véritable portée lyrique de la partie soliste (dans l'émouvant Adagio du premier mouvement), courte improvisation narrative. Le mouvement lent nous présente un climat où la rêverie confine à la nostalgie discrète. Mozart nous invite à l'enchantement de cet éclairage en demi-teintes où l'intensité est proportionnelle à la réserve. Le mouvement final Tempo di menuetto contient un intermède d'une surprenante fantaisie, additionnant les veines populaires, parodiques et exotiques. " Cela tient de la danse hongroise. L'exotisme y est plus proche de la turquerie conventionnelle du temps. " Mozart colore cela de son génie.